Usure du Polytétrafluoroéthylène
chargé :
approche par les débits de troisième
corps solide.
Application aux segments de piston de compresseur.
par Laurent Mahé
Chapitre 1 Presentation du compresseur
Ce chapitre présente le principe de fonctionnement
d'un compresseur à pistons, la configuration étudiée et l'état
de l'art du point de vue des compressoristes. Ce chapitre résulte
d'une étude bibliographique et d'une exploitation du savoir-faire
du compressoriste.
1.1 Principe de fonctionnement
La variation de volume et la compression du gaz
sont obtenues par le mouvement alternatif d'un piston à l'intérieur
d'un cylindre, créé par un système bielle-manivelle. Un cycle
comprend successivement la compression et le refoulement pendant
la course aller, la détente et l'aspiration pendant la course
retour.
1.1.1 Structure du compresseur
Le compresseur de cette étude (figure1.1) a une
architecture "Flat-Twin" (cylindres horizontaux opposés deux à
deux). La compression est multi-étagée avec un refroidissement
intermédiaire. Le piston est à double-effet (avant et arrière)
: il travaille sur ces deux faces en délimitant deux cellules
de compression. Il est donc nécessaire d'utiliser une tige de
piston au niveau de l'effet avant et d'articuler la bielle sur
une crosse coulissant dans une glissière.
figure 1.1 compresseur multi-étagé à pistons double-effet
Les bielles sont reliées au vilebrequin par
l'intermédiaire de paliers lubrifiés afin de constituer le système
de transformation du mouvement rotatif en mouvement alternatif.
Ce mécanisme est logé dans un bâti sur lequel sont fixés les cylindres
par l'intermédiaire des entretoises, le vilebrequin étant supporté
par des paliers situés dans le bâti. Il est nécessaire d'augmenter
l'inertie du vilebrequin à l'aide d'un volant afin de vaincre
l'irrégularité cyclique provoquer par le mouvement alternatif
des pièces massives et par le cycle de compression {nun93}.
Les éléments animés d'un mouvement alternatif (crosses, tiges
et pistons) sont regroupés sous le terme de "masses alternatives
". Le mécanisme constitué des pistons, tiges de pistons, crosses,
bielles, vilebrequin et du volant est appelé l'équipage mobile
du compresseur (figure 1.2).
figure 1.2 équipage mobile du compresseur.
L'équipage mobile, les cylindres, les entretoises
et le bâti constituent le compresseur, celui-ci est relié au moteur
d'entraînement par l'intermédiaire d'un accouplement élastique
et d'un système poulies-courroies. La chaîne cinématique de la
machine est constituée du rotor du moteur, de la transmission
moteur-compresseur et de l'équipage mobile du compresseur. La
machine est constituée du compresseur, du moteur, de l'accouplement
ainsi que de toute la chaudronnerie nécessaire au "process" (échangeurs
thermiques, tuyauterie, ballons antipulsatoires..
figure 1.3 compresseur.
1.1.2 Fonction compression
La loi qui définit la variation de pression d'un
gaz en fonction de son volume, au cours d'une compression ou d'une
détente, dépend principalement de la nature physico-chimique du
gaz et des conditions d'échange de chaleur avec l'extérieur, au
cours de l'évolution considérée. Il existe les trois lois d'évolution
suivantes : isotherme, adiabatique et polytropique (figure 1.4).
Dans la pratique industrielle, les compressions
ou les détentes sont intermédiaires entre l'évolution isotherme
et l'évolution adiabatique, la loi d'évolution est polytropique.
figure 1.4 diagramme théorique de compression
{des88}.
1.1.3 Fonction aspiration-refoulement
Le remplissage de la cellule de compression et
le refoulement du gaz à la fin de la compression se réalisent
en faisant passer le gaz à travers un clapet automatique. Le gaz
est aspiré, ou refoulé, à travers le clapet automatique qui laisse
passer le gaz lorsque la pression en aval devient inférieure à
la pression en amont et s'oppose au retour du gaz lorsque la pression
en aval devient supérieure à la pression en amont.
1.1.4 Fonction étanchéité
La compression à double-effet nécessite la présence
d'une garniture d'étanchéité au niveau de la tige de piston pour
assurer le fonctionnement de l'effet avant, et de segments d'étanchéité
sur le piston afin de séparer les deux effets. Lorsque le contact
entre les segments d'étanchéité et le cylindre est lubrifié avec
un film d'huile, ils ne s'usent pas et assurent les fonctions
portance du poids propre du piston et étanchéité. Dans la compression
exempte d'huile, ces fonctions sont découplées, la portance est
assurée par des segments porteurs.
1.1.5 Fonction transfert thermique
Cette fonction se scinde en trois points : le réchauffage du
gaz à l'aspiration, le refroidissement de la cellule de compression
et le refroidissement inter-étages.
- Réchauffage du gaz à l'aspiration
Avant d'entrer dans la cellule de compression,
le gaz doit traverser une conduite d'admission et un clapet
qui sont généralement à une température supérieure à la
température d'aspiration. Il en résulte un premier échauffement
du gaz par convection.
- Refroidissement de la cellule de compression
Le gaz comprimé dans la cellule de compression
échange de la chaleur avec la paroi interne par convection.
Cet échange de chaleur n'est pas constant sur un cycle.
Il varie principalement en fonction de la vitesse du gaz,
de la surface d'échange, de la température du gaz, de la
température de la paroi et de la nature physico-chimique
du gaz. Dans la réalité, la surface d'échange étant faible,
l'écart de température entre le gaz et la paroi interne
restant inférieur à 70°C (la température de la paroi
interne est maintenue constante grâce à une circulation
de liquide de refroidissement à travers un double chemisage
dans le cylindre), l'influence de l'échange de chaleur reste
faible et l'évolution reste très proche de l'évolution adiabatique.
Différents modes de transfert de chaleur
entre le gaz et les parois internes sont mis en jeu durant
un cycle complet : la conduction, la convection et le rayonnement.
La température du gaz dans le cylindre restant assez faible
(inférieure à 180°C) et les surfaces d'échanges étant
petites, le transfert de chaleur par rayonnement est négligeable.
Le mode de conduction est également négligeable, la conductivité
des gaz comprimés étant très faible devant celle des matériaux
du cylindre et du piston.
- Refroidissement inter-étages
Il est nécessaire de fractionner la compression
avec un refroidissement du gaz entre chaque étage, afin
de limiter les températures des composants et d'obtenir
un meilleur rendement énergétique.
1.2 Configuration étudiée
Cette étude porte sur le segment porteur du premier
étage basse pression d'un compresseur d'air atmosphérique. L'air
aspiré est donc à la température et à la pression atmosphérique.
Le piston est en aluminium (figure 1.5), les segments sont en
PTFE chargé et le cylindre en fonte. Le piston est en deux parties.
Il y a 2 segments d'étanchéité et un segment porteur (figure 1.6).
Les segments d'étanchéité sont ouverts avec une coupe oblique.
Le segment porteur est monobloc et est fretté sur le piston. Les
garnitures d'étanchéité entre la tige et l'entretoise sont des
tresses en carbone/kevlar/PTFE placées dans un presse-étoupe.
figure 1.5 piston avec sa segmentation.
figure1.6 types de segments.
Les différents paramètres de fonctionnement sont :
- Vitesse de rotation du vilebrequin Vc:
400 à 1000 tr/min,
- Vitesse moyenne piston Vmoy: 1,6 à 3,9 m/s,
- Vitesse maximum piston Vmax: 2,6 à 6,4 m/s,
- Accélération maximum gmax : 128 à 802 m/s²,
- Pression d'aspiration Pasp: pression atmosphérique,
- Pression de refoulement relative Pref: 0,5.10^5
à 3,3.10^5 Pa,
- Température d'aspiration Tasp: température
atmosphérique,
- Course du piston : 120 mm,
- Diamètre du cylindre : 250 mm,
- Diamètre du piston : 246,5 mm, item Diamètre
de la tige : 32 mm,
- Masse du piston + 1/2 tige : 17 kg.
1.3 Etat de l'art des connaissances
sur la segmentation
En considérant les problèmes de frottement et
d'usure provoqués par le fonctionnement des segments sans lubrification
fluide, il est nécessaire de préciser les motivations qui ont
conduit à proscrire l'utilisation de lubrifiants fluides : températures
de services élevées entraînant une désagrégation du lubrifiant
ou son élimination par combustion, milieu corrosif détruisant
le lubrifiant, contamination du système par le lubrifiant (propreté
des aliments, boissons, produits pharmaceutiques et chimiques),
impossibilité d'accès au système pour une addition de lubrifiant,
risque d'explosion du lubrifiant. Dans notre cas, l'air comprimé
doit être propre car il est utilisé pour souffler des bouteilles
de boissons en PET.
Dans ce qui suit un état de l'art des connaissances
sur la segmentation sera fait à partir du savoir-faire et de l'expérience
du compressoriste et de ces fournisseurs, et des publications
spécifiques aux segments de piston sans lubrification fluide {fuc80,
har66, hil96, lew68, lew89, pia81, tab75 ,tho85 ,wan90, wil99}.
L'étude bibliographique des phénomènes physiques mis en jeu dans
un contact segment/cylindre sera abordée plus loin, le but étant
ici de présenter les outils dont dispose le compressoriste pour
concevoir un contact avec une durée de vie maximale.
1.3.1 Matériaux
Les matériaux utilisés pour les segments sans
lubrification fluide sont pratiquement sans exception non-métalliques.
Ceci est dû à la tendance des métaux à se souder dans ce type
de conditions de frottement. Dans la catégorie des matériaux non-métalliques,
les plus couramment utilisés pour ce type d'application sont les
polymères, les carbones et les céramiques.
Les polymères constituent le groupe le plus
important et le plus diversifié. Ceci est dû en partie à leur
grande facilité de fabrication, à leur faible coût et à l'importance
de la gamme de propriétés possibles. Les plus utilisés sont les
polyamide-imides, les sulfures de polyphenylènes, les aramides
et les polytétrafluoroéthylènes chargés. Pour la fabrication de
segments, la famille des polymères la plus répandue est celle
du PTFE chargé qui présente des caractéristiques de faible frottement,
des taux d'usure faibles, et offre une souplesse de conception.
L'éventail des températures convenables à ces matériaux va de
-17°C à 232°C.
L'addition de charges au PTFE est nécessaire
pour limiter l'usure. Le rôle de ces charges n'est pas totalement
compris, mais leur présence est nécessaire pour obtenir des taux
d'usure faibles. Le choix du type de charges est basé sur les
conditions de service de l'application prévue. Le PTFE est chargé
avec différents matériaux qui sont par exemple le verre, le carbone,
et le bronze.
Les surfaces frottantes antagonistes sont par exemple de la fonte
grise, ou de l'acier au carbone courant.
Les données trouvées sur l'usure de ces matériaux
dans la littérature ne sont pas uniformes, l'information qui peut
en être tirée est que tel matériau donne des résultats bons ou
mauvais pour une application donnée. Les compressoristes et les
fabricants de segments disposent tous de tables où à telle application
correspond tel matériau.
1.3.2 Variables à considérer
Température
Le choix des matériaux doit être effectué en
tenant compte de tous les paramètres de l'application prévue.
La considération initiale est normalement la température, ce qui
réduit automatiquement la liste des matériaux possibles.
La température du système ou la température volumétrique
est importante, mais c'est la température de l'interface qui est
critique car elle affecte l'usure, et celle-ci peut être supérieure
ou inférieure à la température du système. Elle peut être supérieure
en raison de l'apport thermique provoqué par le frottement. Elle
peut être inférieure si l'interface est refroidie efficacement.
Dans la pratique, il faut supposer que la température
de l'interface sera supérieure à celle du système, qui est considérée
comme la température de refoulement. Une méthode empirique consiste
à prévoir une température d'interface d'environ 20 % supérieure
à celle du système.
Une fois la catégorie de matériaux choisie sur
cette base, d'autres conditions de fonctionnement sont prises
en considération. Les autres variables principales comprennent
la pression, la vitesse et le mode de fonctionnement, le milieu
à rendre étanche, et le matériau et la finition du cylindre. Tous
ces facteurs affectant l'usure doivent être traités ou compensés
sous peine de ne pas obtenir un fonctionnement satisfaisant.
Calcul des températures : Le
compressoriste évalue les températures moyennes, après stabilisation,
du cylindre à la paroi interne Tp, du piston Tpist, de la segmentation
Tseg et de la surface frottante Tsf à l'aide de formules empiriques
dont les paramètres sont la température d'aspiration Tasp et de
refoulement Tref. Ces formules sont les suivantes (températures
en °C) :
(1.1) Tp = ( Tasp + Tref ) / 2 + 10°C
(1.2) Tpist = ( Tasp + 2 Tref ) / 3
(1.3) Tseg = Tpist
(1.4) Tsf = Tpist + 30 à 40°C
Pression
La pression comme la température est un facteur
limitant dans le choix des matériaux. L'augmentation de la pression
réduit le nombre de matériaux candidats. D'une façon générale,
l'augmentation de la température ou de la vitesse doit se traduire
par une diminution de la pression admise.
Vitesse
En général, la vitesse de référence correspond
à la vitesse moyenne du piston. Toutefois, il est également important
de prendre en considération les effets de la longueur de la course
et du nombre de tours par minute, car chacun affecte l'inertie,
l'échange thermique et le nombre de démarrages et d'arrêts d'un
segment par unité de temps.
Bien que la vitesse soit également un facteur
limitant, son rôle n'est pas clairement défini comme la température
et la pression. Le motif de la panne associée à une vitesse excessive
est principalement une dégradation de la matière résultant d'un
échauffement provoqué par le frottement. Il est possible de prolonger
la durée de fonctionnement ou même d'éviter une panne catastrophique
en augmentant le refroidissement de la surface de contact. Des
techniques telles que le refroidissement par l'air ou par l'eau,
ou l'augmentation du débit de réfrigérant existant peuvent être
utilisées pour l'obtenir. Si la chaleur peut être absorbée à une
vitesse suffisante, la vitesse admise peut être augmentée. Il
existe toutefois des limites.
Milieu de fonctionnement
Les gaz comprimés peuvent être corrosifs et comporter
des éléments abrasifs entraînés. Lorsque la corrosion pose un
problème, il faut choisir les matériaux en conséquence. Les impuretés
dans le système devront être éliminées par une filtration appropriée.
Outre ces facteurs la nature de l'atmosphère et son point de rosée
peuvent avoir un effet dramatique sur la longévité des segments.
Diverses études montrent que l'atmosphère et
le point de rosée sont critiques pour la résistance à l'usure
des PTFE chargés. Par conséquent, il faut apporter une attention
toute particulière aux milieux de fonctionnement lors du choix
des matériaux pour les segments et le cylindre.
Cylindres
Le choix des matériaux composant le cylindre
est beaucoup plus limité que pour le segment car lors du choix
du matériau qui constituera la surface de contact, il faut tenir
compte non seulement de l'usure et de la compatibilité des matériaux
en contact, mais également de la dureté, de la résistance à la
corrosion, de la fatigue et de la conductivité thermique. Parfois
le choix est tellement réduit qu'il s'avère nécessaire de revêtir
ou d'enduire la surface de contact afin d'obtenir une situation
compatible à faible usure. Un couple de matériaux est dit incompatible
lorsqu'ils sont susceptibles de former des solutions solides augmentant
ainsi les risques de grippage, par exemple le fer et l'aluminium.
Les principaux candidats pour les surfaces en
contact avec les segments sont les fontes et les aciers trempés.
Lorsque d'autres matériaux tels que les aciers inoxydables doivent
être utilisés, une surface chromée ou nitrurée fournie la compatibilité
nécessaire.
Outre la compatibilité, il est important d'avoir
une finition de surface uniforme dans un éventail prescrit sur
la surface de contact. Avec les segments en PTFE, l'éventail préconisé
est de Ra = 0,15 à 0,40 micro-m basé sur des essais en laboratoire,
mais un éventail de Ra = 0,25 à 0,50 micro-m a donné de bons résultats
en exploitation. Les expériences en exploitation avec des finitions
Ra inférieures à 0,15 micro-m ou supérieures à 0,50 micro-m ont
révélé des taux d'usure élevés qui ont été ramenés dans les normes
en prenant les finitions de surface préconisées.
Une surface idéale serait extrêmement dure et
avec une structure microscopique fine type "peau d'orange". La
surface de contact doit donc être sélectionnée sur la base de
la compatibilité, mais elle doit avoir également la bonne finition
de surface si un faible taux d'usure veut être obtenu.
Conclusion
Actuellement, les compressoristes prennent en
compte ces principales variables opérationnelles afin d'obtenir
une performance satisfaisante. Les limitations de température
et de pression sont déterminées par les caractéristiques inhérentes
aux matériaux. Les autres facteurs sont déterminés plus par les
conditions de fonctionnement. Par ailleurs ces variables sont,
dans une certaine mesure, interdépendantes. Une modification de
l'une permet ou nécessite une modification des autres. Ne pas
tenir compte de ces variables compromettra les chances d'un fonctionnement
correct, tandis qu'une attention particulière à ces variables
peut assurer un fonctionnement correct.
1.3.3 Facteurs d'études
Une attention particulière à la conception des
segments peut augmenter sensiblement leur longévité. Une bonne
conception devra tenir compte des caractéristiques particulières
des matériaux ainsi que de leurs limitations, et incorporer des
éléments d'études réduisant l'usure au minimum. La pratique courante
dans la conception d'un mouvement alternatif sans lubrification
fluide comprend le montage de segments porteurs qui soutiennent
le piston et le séparent du cylindre, le piston et le cylindre
étant fabriqués dans des matériaux souvent incompatibles. Les
segments d'étanchéité doivent être étudiés pour subir les conditions
de service, surtout les différentiels de pression, pour obtenir
une longévité constante et raisonnable. En outre, la conception
sera également influencée par une bonne étude des interactions
de dilatation et de conductibilité thermique entre les matériaux
métalliques et non-métalliques. Les segments porteurs sont donc
utilisés pour soutenir le piston et réaliser les jeux entre le
piston et le cylindre, les segments d'étanchéité assurant uniquement
la fonction étanchéité.
La charge supportée par le segment porteur est
habituellement calculée comme le poids du piston plus la moitié
du poids de la tige. Différentes méthodes sont utilisées pour
définir la largeur du segment porteur. Certains fabricants supposent
que 90degre de la circonférence du segment porteur est effectivement
en contact avec le cylindre, d'autres 120degre voire 180degre.
La pression de contact admise dans l'industrie varie entre 3,4.10^4
Pa et 5,5.10^4 Pa.
L'un des soucis principaux de la conception des
segments porteurs est qu'ils puissent être sollicités par la pression
ce qui les transformeraient en segments d'étanchéité. Cette sollicitation
ajoutée au poids du piston accélère l'usure du segment porteur.
De plus, l'activation du segment porteur par la pression peut
provoquer une détente des segments d'étanchéité et les faire sortir
de leur gorge.
Pour éviter ceci beaucoup de fabricants incorporent
des gorges de détente sur les segments porteurs. Deux types de
segment porteur existent, les ouverts qui sont installés comme
les segments d'étanchéité, et les monoblocs qui sont frettés sur
le piston. Cette dernière configuration est conçue spécifiquement
pour éviter son activation par la pression. Certains fabricants
considèrent que les gorges de détente sont inutiles sur les segments
porteurs monoblocs.
En raison des différents coefficients de dilatation
thermique des matériaux de piston, de cylindre et de segment,
le jeu piston/cylindre est défini de façon à tenir compte d'une
dilatation suffisante du piston et du segment porteur. Les segments
porteurs monoblocs présentent une épaisseur limite liée la fabrication
et au montage, ceux-ci devant épouser parfaitement la gorge du
piston en se rétractant.
La conductibilité thermique des matériaux de
segments est un autre facteur à prendre en considération lors
de l'étude d'une application sans lubrification fluide. Beaucoup
de matériaux de segment d'utilisation courante ont une mauvaise
conductibilité, il est donc indispensable de refroidir le cylindre
afin d'évacuer la chaleur générée par le frottement à l'interface
du contact segment/cylindre.
Le fonctionnement sans lubrification fluide
nécessite la prévention de tout contact entre le piston et le
cylindre. Ceci nécessite la conception de segments porteurs supportant
la pression de contact et possédant des gorges de détente lorsqu'ils
sont ouverts. La conception de segments d'étanchéité doit tenir
compte du jeu important entre piston et cylindre ainsi que des
températures et pressions de service. Des éléments tels que des
chanfreins, des gorges d'équilibrage de la pression et le nombre
de segments d'étanchéité sont utiles pour assurer une longévité
suffisante.
1.3.4 Prévisions de l'usure
Divers auteurs {fuc80,lew68,wan90}
ont proposé des moyens de prévision de la longévité des segments
d'étanchéité dans les compresseurs.
L'un d'eux est l'utilisation de la théorie de
Archard-Hirst qui indique que le volume d'usure (W en mm^3) est
proportionnel à la pression de contact (P en MPa), la vitesse
(V en mm/s) et le temps (t en s). Un coefficient d'usure K défini
par l'équation : K = W / PVt peut être établi au moyen d'essais
sur les PTFE chargés. Les valeurs K obtenues seraient reproductibles
dans des limites spécifiées de pression, de vitesse et de température.
Ces limites conviendraient à la plupart des compresseurs à un
ou deux étages utilisant une pression d'entrée atmosphérique.
L'expérience a montré que cette méthode est pessimiste et que
les calculs en résultant donnent une longévité de segments bien
inférieure à la réalité. Par ailleurs en exploitation, cette méthode
ne donne pas de prévisions satisfaisantes.
Une autre méthode de prévision, se basant sur
des études effectuées sur des compresseurs, montre l'influence
de la température et de la géométrie du segment. Avec cette méthode
la longévité des segments en PTFE est fonction de ( CKPV / N +T
). C est un facteur de compatibilité entre le milieu, le matériau
du cylindre et le matériau du segment. K est un facteur de configuration
du segment. P est la pression différentielle sur les segments
(en Pa). V est la vitesse moyenne du piston (en m/s). N est le
nombre de segments. T est la température du cylindre (en K).
Les moyens de prédictions présentés précédemment
ne doivent pas suggérer que le contrôle de l'usure des segments
sans lubrification fluide soit une science précise et bien définie.
Au contraire, au mieux c'est un jugement calculé. La première
étape dans la prévision d'un taux d'usure est la formulation d'hypothèses.
Par la suite les calculs sont basés uniquement sur des paramètres
qui ont été identifiés comme affectant l'usure et seulement dans
la mesure où un rapport fonctionnel et quantifiable entre ces
paramètres peut être établi. Dans la littérature, plus de 25 variables
différentes ont été identifiées, mais seule une fraction de celles-ci
est chiffrée dans des rapports prévisibles entre elle pour l'analyse
de l'usure.
1.4 Conclusion
Actuellement il n'existe aucun moyen théorique
fiable prédisant la durée de vie de la segmentation. Les compressoristes
se basent sur leur expérience et celle de leurs fournisseurs pour
choisir la segmentation pour une application donnée.
Pourtant, depuis la découverte du polytétrafluoroéthylène
par R.J. Plunket (Du Pont de Nemours), de nombreuses études ont
été menées sur son usure, qui peuvent se scinder en deux catégories
d'investigations. D'une part, l'imagination des mécanismes d'usure
à partir de l'observation des surfaces après ouverture du contact.
Malgré la qualité des observations faites, elles ne permettent
pas d'atteindre une vue dynamique des phénomènes. D'autre part,
l'élaboration de lois d'usure reliant le volume usé à des paramètres
mécaniques tels que la pression de contact et la vitesse de glissement,
à partir d'essais sur des simulateurs. Ces lois sont malheureusement,
le plus souvent, uniquement valides sur le simulateur utilisé.
Ces constats, applicables à l'ensemble des problèmes
tribologiques avec troisième corps solide, ont conduit à l'élaboration
d'une démarche tribologique ou l'ensemble du triplet tribologique
(mécanisme, premiers corps, troisième corps) est pris en compte.
Cette étude se base sur cette démarche et sur les outils conceptuels
que sont les mécanismes d'accommodation de vitesses et le circuit
tribologique. Le triplet tribologique est constitué du mécanisme
(compresseur), des premiers corps (segment, cylindre) et du troisième
corps. L'usure sera donc abordée en terme de débit de troisième
corps.
Chapitre 2
Démarche
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